Le plus grand chantier hydroélectrique de France

30/10/2020

25 ans après sa première ébauche, la centrale hydroélectrique de Romanche en Isère a enfin été mise en service le 09 octobre dernier. Cette structure, qui a coûté près de 400 millions d’euros, est vue comme le plus grand chantier hydroélectrique de France. Et pour cause ! Cette centrale a la particularité d’être… entièrement souterraine !

 

centrale hydroélectrique

 

Le chantier d’une décennie

Les premières ébauches de ce chantier hors du commun remontent à plus de 25 ans. En 1994, une galerie de reconnaissance est creusée permettant de débuter des études détaillées pour ce qui sera le projet hydroélectrique le plus grand de France.
L’objectif ? Remplacer la production d’électricité des six centrales et des cinq barrages vieillissants du territoire de La Romanche mis en service au début du XXe siècle : ces dernières seront enlevées du paysage d’ici 2024. Seule la centrale des Vernes, classée aux Monuments historiques en 1994, sera conservée.

C’est en 2010 que le chantier débute réellement. Il emploie simultanément plus de 300 travailleurs dont 74 emplois d’insertion et représente un investissement de 400 millions d’euros dans ce qui est la première source d’énergie renouvelable en France. Deux ans et demi et deux tunneliers, c’est ce qu’il a fallu pour creuser, au cœur de la roche, la galerie souterraine de 4,7 mètres de diamètre et de presque 10 kilomètres de long. Oui, mais pour terminer où ? Car rappelons-le, en hydroélectricité, c’est la force de l’eau qui produit de l’énergie !
En pratique, tout commence dans le lac de Livet, à 705 mètres d’altitude où l’eau quitte la rivière de la Romanche pour trouver son chemin jusqu’à «l’usine caverne» de Gavet, 280 mètres plus bas. C’est grâce à cette fameuse galerie souterraine de 9,4 kilomètres de long que le cheminement est possible : 40 mètres cubes d’eau par seconde terminent leur course dans une chute libre de 163 mètres. À la fin de cette chute, l’eau provoque une pression de 28 bars qui est ensuite moulinée par 2 puissantes turbines qui transforment l’énergie liquide en énergie mécanique (par rotation). Ce sont ensuite deux transformateurs de tension qui prennent la relève et renvoient le courant à 63 000 volts vers le réseau haute tension de Réseau de Transport d’Electricité (RTE). Tout cela, rappelons-le, sous terre et au milieu de la vallée de Romanche-Gavet  !

 

 

Une préoccupation écologique

Une nouvelle centrale hydroélectrique qui fournit donc de l’énergie produite à partir d’une source renouvelable, c’est très bien. Mais qu’en est-il de la biodiversité et des aspects environnementaux ?

Ces aspects ont été pris très au sérieux par les autorités nationales comme le Conseil National de la Protection de la Nature (CNPN) qui a donné un avis favorable quant à la construction de la centrale.

C’est dans une approche de redéveloppement et de redynamisation que le chantier trouve en réalité sa place. Restaurer écologiquement le territoire grâce à un projet de renaturation, là est l’un des enjeux principaux de cette construction colossale. Pour l’aspect végétal par exemple, c’est le Conseil en Environnement, Végétation et Eau (CEVE) en co-traitance avec l’Office National des Forêts (ONF) qui ont été missionné pour fournir le matériel végétal nécessaire à la revégétalisation des sites. Les berges du barrage ont également déjà été renaturées avec la plantation d’espèces locales cueillies dans un rayon de 25 kilomètres autour du barrage afin d’éviter le développement d’espèces invasives et exotiques. Cette mission a nécessité 500 kg de graines et a permis un taux de réussite très important de la renaturation sur le barrage d’après Céline Barbiero, chef de projet.

Cet aménagement, majoritairement souterrain, s’intègre dans le paysage de la vallée de la Romanche tout en préservant l’environnement et la biodiversité.

Des mesures compensatoires ont également été mis en place, comme la mise en gestion conservatoire de la biodiversité sur 57 hectares pendant 15 ans, ou encore l’aménagement d’une passe à poissons composée de 24 bassins attenants qui permettra aux poissons de franchir le barrage grâce à un escalier montant les 6 mètres de dénivelé nécessaires.

 

Des résultats qui font rêver

Aujourd’hui, une équipe d’une vingtaine de techniciens et d’ingénieurs d’EDF Hydro Alpes exploitent le nouvel aménagement de Romanche-Gavet et en assurent la maintenance.

Cette centrale augmentera de 40 % la production d’énergie hydraulique par rapport aux 6 centrales et 5 barrages précédents. Avec une production de 560 GWh/an, l’usine peut fournir 230 000 habitants, soit l’équivalent de la consommation électrique des foyers de Grenoble et de Chambéry.
À elle seule, la production de la centrale représente 1,5 % du courant produit par les 500 centrales hydrauliques et 650 barrages français d’EDF et ce, toujours à partir d’une source d’énergie décarbonée et renouvelable.

Ce nouvel ouvrage qui marque une nouvelle ère, bénéficie d’une concession de 60 ans dont l’échéance arrivera en 2070.

 

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