Article paru dans France Bleu

02/01/2022

France_Bleu_logo_2015.svg

 

Facture de régularisation : la claque pour les consommateurs de gaz

Cela fait partie des mauvaises surprises qu’on espère ne pas avoir en fin d’année : la facture de régularisation de gaz. Avec les récentes hausses de tarifs, cette facture peut s’avérée (très) salée. Quels sont les recours ou solutions ?

C’est une facture qui vous est peut-être parvenue récemment, ou que vous redoutez d’avoir dans votre boîte aux lettres dans les prochains mois : la régularisation du gaz et/ou de l’électricité, ou devoir régler ce que les mensualités n’ont pas suffi à couvrir. Or, avec les augmentations des prix de l’énergie, en particulier du gaz, le couperet tombe.

Pour certains, c’est la douche froide, « les factures augmentent alors que notre consommation baisse » précise Pierrette, à Toulouse pour les fêtes, rencontrée sur un banc près du Capitole. Elle le sait car elle étudie sérieusement ses factures avec son mari : « On a aussi un site qui permet de consulter chaque jour notre consommation, ce qui permet de faire attention, on voit que quand un radiateur est allumé, ça augmente tout de suite. » Mais faire attention n’est plus suffisant, les factures augmentent tout de même.

+40% en dix mois pour le gaz

Dans sa dernière note de conjoncture mi-décembre, l’INSEE précise que les prix à la consommation ont fortement augmenté entre décembre 2020 et octobre 2021, de l’ordre de 41% pour le gaz, 21% pour les carburants et 3% pour l’électricité respectivement. Selon l’INSEE toujours, ces augmentation ont conduit les ménages à dépenser 64 euros de plus par mois, les deux-tiers de cette hausse étant liée, non pas à une plus forte consommation, mais bien à l’inflation des prix des énergies. Ainsi, par mois, les nouveaux prix du gaz représentent, pour l’heure, 15 euros de plus dans le budget mensuel des Français.

Chez Ilek, le fournisseur d’énergie verte basé à Toulouse (130.000 abonnés), on tâche de faire preuve de transparence avec les clients. Et il en faut, parce sur les factures de gaz, le prix du kilowatt/heure fluctue chaque mois. Il a été multiplié par 2,5 quasiment en un an, entre décembre 2020 et décembre 2021, passant de 0,043 euros à 0,102 euros. Résultat : des factures de régularisation à trois chiffres facilement.

« Les tarifs de l’électricité vont continuer à augmenter en 2022 et 2023. Le prix du marché auquel s’échange l’électricité aujourd’hui a été multiplié par 10. Jean Castex a beau avoir promis de créer une sorte de bouclier tarifaire en limitant cette hausse, cela ne va pas suffire pour l’amortir. » – Rémy Companyo, co-fondateur d’Ilek

« Les usagers doivent bien comprendre que les prix ne descendront pas. Maintenant, ce à quoi il faut penser, c’est changer sa façon de consommer des énergies, réduire sa consommation« , tranche Rémy Companyo.

Les leviers des collectivités

L’État a apporté des aides pour compenser ces hausses des prix de l’énergie comme le chèque-énergie de 100 euros attribué à 5,8 millions de ménages en ce mois de décembre. Il a aussi lancé l’indemnité inflation, 100 euros encore pour les personnes dont les revenus sont inférieurs à 2.000 euros net par mois, et versés directement par leur employeur.

Mais il existe une myriade d’aides indirectes, notamment pour financer la rénovation énergétique des habitations, l’une des principales sources de dépense énergétique. Mi-décembre, le groupe d’opposition Alternative pour une Métropole Citoyenne à Toulouse Métropole a proposé la création d’un guichet unique pour accompagner les ménages sur les questions de consommation et d’aide à la rénovation énergétique. Dans l’agglomération toulousaine, on estime que 13% des ménages, soit plus de 47.000 foyers, sont en situation de vulnérabilité énergétique, vivant dans des passoires thermiques, renonçant à se chauffer.

À Ramonville, au sud de Toulouse, la mairie essaie depuis longtemps de faire peser la puissance publique sur cette thématique des énergies. Cette année, en partenariat avec la plateforme Wikipower, ils ont lancé le concept d’achat groupé d’électricité, pour bénéficier d’un tarif réduit. Une centaine de foyers ont adhéré, et c’est EkWateur, un fournisseur d’électricité renouvelable. Avec les hausses récentes, les économies ne sont pas flagrantes mais la démarche est vertueuse selon le maire (PS) de Ramonville, Christophe Lubac : « la Ville a servi de garantie pour pouvoir négocier de meilleurs tarifs, et avoir une énergie verte. L’opérateur s’engage aussi à expliquer aux clients comment contrôler sa consommation énergétique« . Ramonville, qui s’est déjà engagé sur une chaufferie biomasse semi-publique, espère à présent monter une régie publique.

← Voir tous les articles